L’écho des campagnes
Le couloir afroalimentaire dans le Nord du Cauca, Colombie
Julio Cesar Rodriguez Castrillon, Corporación Colombia Joven, Nord du Cauca, Villa Rica Cauca
Le couloir afroalimentaire est une initiative sociale communautaire issue de l’articulation de plusieurs organisations, avec l’objectif de promouvoir et renforcer une dynamique d’organisation alternative pour atteindre la souveraineté alimentaire et le bon respect du droit humain à l’alimentation. Ce rêve me remplit d’espoir, car ces actions permettent de rendre leur dignité aux agriculteurs et agricultrices, et cela participe à donner visibilité et reconnaissance au travail des paysans afro du Nord du Cauca, qui fait partie intégrante du développement des communautés rurales. Je suis convaincu que le Nord du Cauca doit rediriger son modèle de développement actuel, basé sur les monocultures comme la canne à sucre utilisée dans les boissons ultra-transformées, vers le renforcement et la conservation des exploitations traditionnelles et éconatives, vers la conservation des semences créoles et natives, la préservation de l’économie solidaire et la création de circuits courts de commercialisation. Le marché afroalimentaire doit représenter une des meilleures stratégies pour que les agriculteurs et agricultrices, sans recourir à des intermédiaires, vendent leurs produits à prix juste, et en parallèle les communautés bénéficient d’une alimentation saine faite de véritables aliments et selon les traditions culinaires afrocolombiennes. Selon moi, le travail des organisations sociales est essentiel pour que ce défi de vie soit également perçu comme une stratégie pour apporter une solution au plan d’éradication de la faim du gouvernement national, permettant ainsi de revendiquer les espaces opportuns grâce à des plans de développement municipaux et départementaux.
Le processus Nyéléni : vers un forum mondial pour la souveraineté alimentaire en 2025
L’écho de nos alliés
Stefano De Angelis, Fédération Syndicale Mondiale (FSM), www.wftucentral.org
En 2016, la FSM a participé au processus Nyéléni européen. Nous pensons que les thèmes importants de l’alimentation et la nutrition doivent inclure les travailleurs qui sont souvent directement impliqués dans la récolte et la transformation des produits agricoles.
Le syndical traite également au quotidien avec un grand nombre de travailleurs qui achètent des aliments à bas coût en raison de leurs salaires peu élevés, sans connaître les conséquences pour eux et pour les petits producteurs. Cela illustre le besoin fondamental pour une plus grande implication et un partage des connaissances avec les travailleurs (et les associations de consommateurs) sur les questions de la production de bons aliments et de respect de la nature.
La lutte pour la souveraineté alimentaire doit être articulée avec un front uni, avec une coordination entre les agriculteurs, les travailleurs et les consommateurs. C’est indispensable pour surmonter rapidement les particularités de chaque lutte qui nous séparent et nous affaiblissent face à un ennemi bien plus fort.
Au niveau européen, le développement du mouvement pour la souveraineté alimentaire doit passer d’un angle plus académique et de recherche à la construction d’une plateforme pour les revendications (des revendications qui peuvent être présentées aux niveaux européen et régional). Cela étant dit, nous sommes conscients qu’une telle plateforme requiert beaucoup de coordination et de ressources.
Les progrès dans le domaine des droits sont généralement obtenus par des combats locaux et un travail de plaidoyer directement auprès des décideurs. C’est pourquoi il pourrait être utile d’organiser plus d’assemblées, des initiatives et actions de rue sur les sujets de discorde comme la répartition injuste des subventions, les dangers des nouveaux OGM, les coûts élevés auxquels sont confrontés les petits producteurs, etc. Sur ces sujets, solliciter les syndicats peut s’avérer très utile.