Encadres

Encadré 1

Des débats politiques houleux à la FAO et au CSA alors que les gouvernements stagnent

La longue vague de la pandémie de Covid-19, la crise alimentaire et les différents conflits ont affecté les discussions politiques dans les espaces de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les chocs commerciaux et leur impact sur les systèmes alimentaires ont été largement débattus au sein du Comité des produits (CCP). La plupart des pays ont continué à soutenir les politiques néolibérales, tandis que quelques voix isolées ont identifié les marchés locaux comme une réponse à la volatilité et à la fragilité du marché mondial. Le Mécanisme de la Société Civile et des Peuples Autochtones (MSCPA) a rejoint le nouvel espace de travail du Comité des Nations Unies sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA) pour élaborer un Plan d’Action qui servirait de feuille de route pour renforcer la diffusion et l’application de documents politiques approuvés par le CSA au niveau local, national, régional et international.

Le même besoin de mise en œuvre a été soulevé par les mouvements de pêche au sein du Comité des pêches (COFI), où ils ont plaidé pour l’application des Directives sur la pêche artisanale au niveau national. Le Forum mondial de l’agriculture familiale dans le cadre de la Décennie des Nations unies pour l’agriculture familiale (DNUAF) a été un autre espace propice à la défense du programme pour la souveraineté alimentaire.  Le groupe de travail Jeunes du CIP a participé à l’élaboration d’une boîte à outils destinée à faciliter le renouvellement des générations dans l’agriculture, afin de faire entendre la voix des jeunes agriculteur·ices et des peuples autochtones. En parallèle, les négociations dans le cadre du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA) sont dans une phase déterminante. En refusant de réglementer l’information de séquençage numérique (ISN, DSI en anglais), les gouvernements permettent aux entreprises de contourner les règles du traité, ce qui ouvre la voie à une nouvelle vague de biopiraterie sur la biodiversité appartenant aux paysan·nes et peuples autochtones. Les années à venir seront décisives pour les mouvements paysans et autochtones, car les efforts convergeront bientôt vers l’organisation d’une nouvelle Conférence mondiale sur la réforme internationale et le développement rural (CIRADR +20).

Encadré 2

Résistons à l’offensive des grandes entreprises sur la gouvernance mondiale !

La bataille pour la souveraineté alimentaire se livre sur de nombreux fronts.

Le droit des communautés à cultiver leur nourriture et à se nourrir est de plus en plus menacé, y compris dans les espaces politiques mondiaux tels que les Nations unies. Les grandes entreprises et leurs alliés politiques profitent des guerres, des crises climatiques, sociales et de biodiversité actuelles pour favoriser le système alimentaire industriel, au service des profits et non des personnes.

Les organismes de l’ONU en charge des négociations de politiques sur le climat (CCNUCC, « Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ») et la biodiversité (CDB, « Convention sur la diversité biologique ») sont dans l’œil du cyclone. Au fil du temps, la CCNUCC a favorisé l’émergence de fausses solutions, telles que les marchés carbone, qui transforment la nature en profit, sans apporter le moindre bénéfice au climat. Les technologies risquées de géo-ingénierie, censées « réparer le climat » en manipulant le rayonnement solaire ou en capturant le carbone à échelle industrielle, sont également en plein essor. Toutes ces « solutions technologiques » menacent d’accroître l’accaparement des terres et pourraient détruire les écosystèmes dont dépendent les producteurs de denrées alimentaires. Même si la CDB a fait preuve d’un manque d’ambition et de puissance financière lors de la dernière COP 16 à Cali, elle a maintenu un moratoire de facto sur la géo-ingénierie, grâce à une forte mobilisation de la société civile.

La numérisation de l’agriculture et les technologies de l’IA font également leur entrée dans les espaces politiques, menaçant les droits des agriculteurs, comme l’a montré le récent Sommet de l’avenir des Nations unies. Plus que jamais, la solidarité et une forte résistance à tous les niveaux de pouvoir sont nécessaires et nous permettront de transformer le système alimentaire.

Pour en savoir plus : écoutez les miniséries du podcast en anglais « Qui contrôlera les systèmes alimentaires ? » et lisez (en anglais) Les chevaux de Troie à la ferme : remettre en question la numérisation de l’agriculture et visionnez la vidéo : Big Brother arrive à la ferme (disponible en 12 langues)