Bulletin n° 20 – Éditorial

Agroécologie et le climat

L’agroécologie paysanne, clef de l’ humanite et de la planete

Illustration: Erin Dunn, www.cargocollective.com/erndnn

L’agroécologie existe depuis des décennies et fait objet d’une nombreuse littérature et articles. Multidimensionnelle, basée sur les savoirs, savoir-faire et savoir-être des paysan-nes en fonction de leur environnement naturel, sociétal, culturel elle a été longtemps jugée comme archaïque et peu adaptée au « progrès moderne ». L’agroécologie a été bannie mais revient aujourd’hui sur le devant de la scène. A qui va profiter ce retour ?

L’agriculture agroécologique qui valorise et pérennise les sols, les semences paysannes, les Savoirs paysans, cette agriculture symbole de la diversité des productions et des pratiques, des identités culturelles alimentaires adaptée à leur environnemental sociétal et naturel, se voit accaparée aujourd’hui par l’agriculture industrielle. Celle-ci à l’opposé basée sur le profit, l’uniformité, la standardisation, la concentration avec son cortège de conséquences mortifères.

En effet elle a besoin de rehausser son image et va duper encore une fois les citoyen-nes en prônant une agriculture durable « verte et respectueuse de la nature et des êtres humains » en usurpant le nom d’agroécologie* qui sonne bien dans l’oreille, comme elle usurpe les Savoirs à travers la brevabilité du vivant.
C’est ainsi que des gouvernements aux firmes tout le monde en parle, tout le monde veut en faire. Monsanto, associé à Arvalis, a formé des conseillers en agro-écologie. Pour eux l’agro-écologie s’est de se vanter « réduire » les produits chimiques, en volume pas en concentration, de continuer à promouvoir les semences hybrides, OGM et autres plantes ou animal transgénique, la monoculture, l’élevage hors sol, l’accaparement des terres, de l’eau et des ressources naturelles etc.

Hormis ces pratiques qui vont à l’encontre de l’agroécologie, celle se retrouve sur le seul terrain de la technicité oubliant ses dimensions sociales et sociétales, environnementales et spirituelles.

C’est pourquoi il est urgent que les paysan-nes, les communautés, les organisations paysannes s’organisent pour promouvoir l’agroécologie paysanne, celle liée à la Terre , pour une agriculture familiale multiples et diverses adaptée à son environnement, à ses moyens, à la biodiversité et ses Savoirs, pour une alimentation saine et nutritive respectueuse des agrosystèmes et de la biodiversité, pour un développement socio-économique des terroirs dans une cohésion sociale harmonieuse avec les identités des communautés, pour l’autonomisation des paysan-nes avec comme corollaire l’augmentation de leur revenu et de leur bien-être.

Dans le cadre de la souveraineté alimentaire, l’agroécologie paysanne pratiquée par des millions d’individus et communautés, constitue la clef d’aujourd’hui et de demain pour préserver l’humanité et la planète.

Groupe de travail de l’agroécologie du CIP

*Agroécologie: l’agroécologie paysanne; Agro-écologie: agroécologie accaparée par l’agriculture industrielle.