Bulletin n° 12 – Éditorial

Migration et agriculture

Illustration: “Avec ou sans papiers, travailleurs unis!” Titom

L’alimentation est essentielle à la vie. Elle est aussi une expression de nos cultures et de nos sociétés. Le système alimentaire industriel dominant élimine les valeurs vitales et sociales de l’alimentation pour n’en faire qu’une simple marchandise dont on peut tirer profit à chacune des étapes de sa production intensive, de sa transformation et de sa distribution, jusqu’à la spéculation dont elle fait l’objet sur les marchés financiers. Ce système pousse à séparer les consommateurs des producteurs. Alors que l’agriculture familiale continue de nourrir plus de 70% de la population mondiale, le systeme néolibéral et sa politique commerciale chassent de leurs territoires les paysans, les artisans pêcheurs, les éleveurs et les peuples indigènes, et soutiennent le developpement de monocultures intensives, de fermes-usines, de l’industrie de la transformation et de la distribution, basés sur le labeur des travailleurs de l’agro-alimentaire. Ces travailleurs agricoles et du secteur agro-alimentaire sont de plus en plus souvent des migrants, forcés de quitter leur pays pour échapper à la pauvreté et à la faim. A cause des politiques d’immigration à caractère racial et de la militarisation des frontières, ces migrants risquent de plus en plus souvent leurs vies pour franchir des frontieres sans papiers d’identité. De plus en plus de migrants sans papiers sont persécutés et criminalisés, tout en étant exploités par le système de production alimentaire, auquel ils sont indispensables, voire travaillent pour celui-ci dans des conditions proches de l’esclavage. La lutte contre la mondialisation de la production alimentaire est aussi une lutte pour défendre les droits des migrants. La lutte pour la souveraineté alimentaire est aussi une lutte pour rendre aux individus la liberté de choisir s’ils veulent ou non quitter leurs communautés et leurs territoires.