Le Forum pour la Souveraineté Alimentaire, qui est en train de se tenir ces jours-ci à Selingue (Mali), avance dans ses propositions de travail. Dans l’enceinte du forum, les plus de 500 délégués, venus de 98 pays et invités tout spécialement pour les rencontres, se sont réunis au cours des deux jours passés en sept groupes thématiques. L’objectif était de débattre et d’établir des stratégies concernant la souveraineté alimentaire, le pourquoi nous luttons, ce que nous combattons, et ce que nous pouvons faire pour y remédier. Sur la base des résultats de ces débats, on rédigera une déclaration commune ainsi qu’un appel à l’action commune qui sera diffusé après approbation et avant la conclusion du Forum, le 27 février.
Accès à la terre
Un des débats centraux du forum a été l’accès à la terre et aux ressources naturelles ainsi que les conflits que suscite leur contrôle entre les différents acteurs. Ainsi, par exemple, dans certains pays, les lois refusent aux femmes le droit à la terre, et dans d’autres, où légalement elles y ont droit, ce sont les traditions et les coutumes qui les en empêchent.
En ce qui concerne les tensions entre groupes des différents secteurs d’activité, un des objectifs était d’avancer dans la résolutions des conflits, en mettant en avant les intérêts communs existant entre les agriculteurs et les éleveurs, les producteurs et les consommateurs, le monde urbain et le monde rural… Comme expliquait Mamadou Goita de l’organisation paysanne malienne CNOP, en Afrique les disputes entre agriculteurs et éleveurs sont fréquentes de même que les différents entre producteurs et consommateurs, les uns voulant vendre cher et les autres acheter à bon prix. C’est pourquoi générer des alliances et apprendre à se connaître mutuellement est fondamental, c’est la voie à suivre en vue de résoudre ces conflits.
Un forum à la campagne
Les débats et réunions se tiennent à Selingue, dans une enceinte spécialement construite pour l’occasion, et qui, à l’issue du forum sera gérée par l’organisation paysanne nationale CNOP qui l’utilisera comme centre de formation pour les organisations d’Afrique de l’Ouest. Le site comprend 50 cabanes, construite en torchis, qui servent à loger les participants, et des espaces conçus pour les réunions et les plénières.
Pour la construction ont été utilisé uniquement des matériaux locaux, l’architecture traditionnelle a été respectée et la main d’œuvre a été embauchée sur place à Selingue.
Le site a été implanté au bord du Sankarani, un affluent du Niger, à côté du barrage électrique qui a été construit par la Banque Mondiale, provocant de graves dégâts environnementaux et sociaux. Sa construction a en effet entraîné un important déplacement de population, venus en masse dans l’espoir de vivre de la pêche, mais cette migration massive a eu pour résultat la surexploitation des ressources naturelles et, en conséquence, l’appauvrissement de la population, une fois les ressources épuisées. Ce n’est qu’un exemple de plus démontrant la nécessité de s’opposer aux
politiques de la BM et du FMI qui, au lieu de générer le « développement » autoproclamé et promis, ne causent que pauvreté et endettement. Telle a été la teneur des débats qui ont eu lieu ces jours-ci dans la campagne de Selingue.
Esther Vivas, 27 de febrero
*Traduction Cathy ARNAUD*