L’écho des campagnes

L’écho des campagnes 1

IPEF: Négociations secrètes sur l’avenir de l’économie indo-pacifique

Alors que les accords commerciaux internationaux continuent d’évoluer, le cadre économique indo-pacifique (IPEF) est en cours de négociation entre plusieurs pays de la région Asie-Pacifique. Sous la houlette des États-Unis, ses membres sont l’Australie, le Brunei Darussalam, les Fidji, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, la République de Corée, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Viêt Nam. Malgré ses prétentions à la coopération économique transrégionale, ses détracteurs affirment que l’IPEF est conçu pour promouvoir les intérêts des entreprises américaines et leur permettre d’influencer la réglementation nationale dans des secteurs critiques tels que l’agriculture, le travail, l’environnement, l’industrie manufacturière, les services et la technologie numérique. L’un des principaux points de discorde concernant l’IPEF (comme d’autres accords de commerce et d’investissement) est le caractère secret des négociations, qui exclut tout contrôle public et démocratique, ainsi que tout mécanisme de vérification et d’équilibrage.

Joseph Purugganan, de Focus on the Global South, a résumé les préoccupations de la société civile en déclarant[1]“Le consensus était évident : L’IPEF, bien qu’il soit présenté comme un nouveau modèle de commerce, semble être fortement orienté vers les méga-corporations et les géants de la technologie. Le manque de transparence dans ses négociations et la hâte avec laquelle il a été finalisé, aggravés par le bras de fer géopolitique entre les États-Unis et la Chine dans la région Asie-Pacifique, sont autant de signaux d’alarme. Les gouvernements sont invités à réfléchir attentivement, à placer le bien-être de leurs citoyens au-dessus des bénéfices des entreprises et à s’assurer que l’IPEF, par essence, s’aligne sur les aspirations et les droits de ces citoyens.”

L’écho des campagnes 2

Exclusion et discrimination au Forum Mondial de l’Alimentation de la FAO

Melissa Gómez Gil, MAELA, Colombie

Le Forum Mondial de l’Alimentation de la FAO a mis en évidence l’exclusion et la discrimination des populations et des communautés historiquement marginalisées, telles que les jeunes, les femmes et les communautés rurales. Là-bas, des espaces de dialogue et de partage d’expériences ont été créés, mais sans les outils et les mécanismes d’interprétation. Les conditions d’hébergement et de nourriture n’étaient pas adéquates pour les personnes qui sortions de nos territoires, peut-être pour la première fois, pour aller dans un pays où la valeur de la monnaie nationale est multiplié par trois.

Nous avons senti que notre droit à l’alimentation a été violé en nous offrant leurs miettes parce qu’ils pensent que nous sommes habitués à un système violent d’inégalité sociale et que cela reproduit clairement l’état d’inégalité dans lequel nous vivons dans nos territoires et la xénophobie qui est vécue dans les pays du « premier monde ». Peut-être que l’expérience pour certains a été intéressante pour le simple fait d’être à Rome ou d’être au siège principal de la FAO, mais la vérité est que pour les jeunes du mouvement social cette expérience fut traumatisante et n’offrait pas les garanties ni conditions dignes pour participer.

L’écho des campagnes 3

Tsunami numérique :  Une technologie qui n’est pas discutée avec les populations crée de l’exclusion et de la dépendance

Les témoignages suivants ont été recueillis au cours des deux années de discussion, entre diverses organisations paysannes, autochtones, communautaires locales et d’agriculteurs familiaux, sur la numérisation des systèmes alimentaires, à l’initiative du “Data Work Stream” inauguré par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) en 2021.

La numérisation dans l’agriculture et l’alimentation est perçue comme un moteur de profit, plus que comme une série d’outils et de processus qui peuvent faciliter le travail dans les champs et bénéficier à la majorité des agriculteurs non industriels. Les gens sont conscients que cette technologie n’a pas été développée par les peuples pour les peuples, mais qu’elle provient du monde des affaires et qu’elle a l’intention de créer une dépendance et une exclusion, tout comme d’autres innovations agricoles au cours de l’histoire.  -Déclaration de vision sur les données du Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (CSIPM)

 “Un agriculteur est désormais contraint de produire de la nourriture d’une manière différente, qui n’est ni conventionnelle ni traditionnelle, mais qui dépend de la technologie.” Moayyad Bsharad, région LVC-MENA, travailleur de la terre.

 La sélection de certaines données et l’ignorance d’autres données sont parfois utilisées pour justifier un objectif politique ou lucratif. Un exemple d’objectif politique nous vient du territoire palestinien occupé de Gaza. – Déclaration de vision de la CSIPM sur les données

“En utilisant la collecte de données sur les systèmes alimentaires à Gaza et leur analyse par l’occupant qui détient le pouvoir, l’occupation israélienne a pu calculer une moyenne de calories par personne qui fait que les gens ne meurent pas de faim mais ne se sentent jamais bien nourris. Par cette militarisation de la nourriture basée sur des données calculées très précisément, l’occupation israélienne visait à exercer une pression directe sur la population de Gaza par le biais d’une forme de punition collective afin de la pousser à abandonner certains choix politiques qu’elle avait faits”. Mariam Mohammad, Coalition de la société civile libanaise / Réseau arabe pour la souveraineté alimentaire


[1] https://focusweb.org/press-release-indo-pacific-economic-framework-ipef-under-scrutiny-civil-society-raise-alarms-on-its-potential-consequences/