Selingué, 24 février – Joao Pedro Stédile est un des principaux dirigeants du Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre du Brésil (MST) et une personne de référence en matière de lutte paysanne internationale. Présent à Selingué, la localité rurale de l’intérieur du Mali qui accueille le Forum Mondial pour la Souveraineté Alimentaire, Joao Pedro est un participant comme un autre, parmi les plus de 600 délégués venus de 118 pays. Avec le franc parler et l’humanité qui le caractérisent, Stédile a été chargé de présenter les apports du MST et des mouvements brésiliens qui font partie la Vía Campesina pour le plan d’action ainsi que le document final qui sera rédigé à l’issue des débats de Nyeleni 2007.
« Je crois qu’il y a une définition que nous devons intégrer comme principe de notre lutte : les aliments ne peuvent être considérés comme une marchandise… les aliments doivent être un droit de toutes les personnes » a déclaré Stédile en plénière du groupe thématique sur les questions d’agriculture et négociations commerciales internationales.
Stédile a souligné que la seconde définition stratégique doit être « la lutte contre la privatisation de l’eau, car il s’agit d’un bien naturel qui ne peut être la propriété privée de personne ».
C’est pourquoi on peut s’attendre à ce que les mouvements paysans et les mouvements de résistance à la privatisation de l’eau, partout dans le monde, commencent à coordonner leurs luttes respectives en une définition commune que Stédile a appelé « la critique idéologique du capitalisme, nous devons remettre en cause le fait que tout puisse être considéré comme une marchandise ou un objet à but lucratif comme le fait le système capitaliste ».
Concernant le commerce agricole international, Stédile a précisé que « nous ne sommes pas opposés au commerce des produits agricoles, mais il ne doit pas être basé sur le profit sinon sur les besoins des peuples ». Et c’est en ce sens qu’il a affirmé que la lutte paysanne contre les négociations de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) doit également tenir compte du fait que « les entreprises transnationales et les gouvernements impérialistes dominent l’Organisation des Nations Unies ».
« L’OMC, le FMI, la Banque Mondiale et toutes ces merdes internationales ne représentent pas les intérêts des peuples. Nous devons lutter pour un nouvel ordre mondial » a souligné le dirigent paysan brésilien.
Finalement, Joao Pedro a dénoncé l’augmentation dramatique des
biocombustibles. « Le capital veut prendre la nourriture des peuples pour la mettre dans les véhicules, dans les voitures des bourgeoisies du nord. Nous devons lutter contre cette tendance mais depuis la racine, qui est que le monde entier doit changer son modèle énergétique de transport. Nous devons nous opposer au transport individuel et lutter pour le transport collectif ».
*Traduction Cathy ARNAUD*