Thème 2 : Les savoir locaux et les technologies

GROUPE DE TRAVAIL THEMATIQUE 2 – NOTE D’ORIENTATION POUR LE DÉBAT

CONTEXTE

Il y a encore quelques temps, les savoirs relatifs aux modes de production ou de récolte des aliments relevaient du domaine des communautés rurales. Pendant des générations, les communautés ont construit une base solide, favorisant la biodiversité agricole, des méthodes de pêche, des technologies et des savoirs efficaces, adaptés aux conditions de leur environnement local, à leurs besoins socio-économiques et à leurs intérêts culturels. Les innovations étaient introduites et les technologies étaient développées par et pour les communautés locales.
Les deux processus représentés par la colonisation et l’industrialisation ont ébranlé nombre de ces bases. La recherche agricole a été déracinée des fermes pour être déplacée vers des instituts et des laboratoires lointains, dirigés par des scientifiques occidentaux. Les techniques de pêche locales ont été supplantées par des usines flottantes. Les populations indigènes ont vu leurs territoires et leurs moyens de subsistance envahis par des colons, des plantations et des industries minières. Dans l’agriculture, la « révolution verte » a été l’exemple le plus dramatique de cette poussée vers l’industrialisation de l’agriculture, basée sur l’utilisation intensive de produits chimiques et l’élimination d’une large mosaïque de systèmes de production locaux, basés sur la diversité. De la même manière, les intérêts des grands groupes menacent les droits des éleveurs à utiliser et développer leurs propres effectifs de reproduction, tandis qu’une « révolution bleue » est imposée dans le secteur de la pêche, promouvant l’aquaculture industrielle et les méthodes de pêche destructrices.

Pour quoi nous battons-nous ?

Malgré l’assaut du modèle technologique occidental, la plupart des produits alimentaires mondiaux continue à être produite ou récoltée par les communautés locales, à l’aide des savoirs, des technologies et de ressources disponibles localement. Pour de nombreuses personnes, un élément-clé de la souveraineté alimentaire est la promotion et le développement approfondis de ces technologies et de ces savoirs locaux, ainsi que le renforcement du contrôle local de ces derniers. Partout dans le monde, les individus protègent et réintègrent les savoirs autochtones à leurs systèmes de subsistance. Les cultures et les semences autochtones, beaucoup plus adaptées aux conditions de croissance locales, sont échangées et favorisées. Les méthodes de production agroécologiques sont reconnues comme étant beaucoup plus productives et durables que l’agriculture industrielle. Il en va de même pour les techniques de pêche des populations indigènes, l’élevage local et les techniques locales de gestion de l’agroforesterie. Lutter pour la souveraineté alimentaire signifie considérer ces savoirs et ces systèmes de production autochtones comme un élément central du renforcement des systèmes alimentaires locaux, en les plaçant sous le contrôle des communautés locales.

Questions :

Tous les savoirs développés au niveau local sont-ils bons ? Comment peuvent-ils être améliorés ?

De quelle manière pouvons-nous renforcer leur utilisation ? Comment pouvons-nous contribuer à ce qu’ils s’adaptent aux environnements changeants (ex : réchauffement climatique) ?

Mise en danger des savoirs autochtones : comment ces savoirs peuvent-ils être ravivés et protégés ?

Quelles les initiatives existent à l’heure actuelle pour protéger et développer les technologies et les savoirs locaux, ainsi que le contrôle de ces derniers ? Comment peuvent-ils être renforcés ?

Comment les technologies et les savoirs locaux, ainsi que le contrôle de ces derniers peuvent-ils être protégés à l’échelle régionale et internationale ? Quelles sont les entraves à cet effort ?

Contre quoi nous battons-nous ?

La souveraineté alimentaire ne peut pas être garantie dans le contexte d’une technologie industrielle contrôlée par des multinationales. La technologie industrielle vise la production à grande échelle ; elle est orientée vers la transformation des produits alimentaires et le commerce international ; elle produit souvent de la « junk food », de mauvaise qualité, et elle anéantit les petits producteurs et l’environnement. L’exemple le plus récent et le plus extrême d’une technologie non viable et contrôlée par les grands groupes est l’introduction du génie génétique dans l’agriculture, l’élevage et la pêche, imposée aux agriculteurs, aux pêcheurs, aux bergers, tout comme aux consommateurs. En outre, on assiste à l’émergence de nouvelles technologies, comme les hormones animales, l’aquaculture et la radioconservation des aliments, visant à permettre le traitement industriel des aliments et à faciliter leur transport. Certaines cultures sont destinées à alimenter les pays en voie d’industrialisation en carburants, plutôt que pour nourrir les populations et combattre la famine. Ces technologies industrielles parviennent aux quatre coins du monde par le biais d’accords de libre échange en vertu desquels toute réglementation de la technologie dans l’intérêt public est considérée comme une entrave au libre échange d’une part, et qui protègent les technologies et les savoirs via des régimes de propriété intellectuelle tout acquis aux grands groupes, d’autre part. De plus, les programmes d’aide au développement deviennent de plus en plus dépendants de l’acceptation de ces technologies. Dans un même temps, les consommateurs ne produisant pas leurs propres aliments ne sont pas informés que ces derniers ont été développés ou contaminés par ces technologies.

Questions :

La science et la technologie occidentales, de plus en plus dominées par les intérêts des grands groupes, ont-elles un rôle à jouer dans le cadre de la souveraineté alimentaire ? Si oui : de quelle manière ? Comment leurs éléments positifs peuvent-ils aider à promouvoir la souveraineté alimentaire ? Si non : pour quelles raisons ? Comment pouvons-nous remédier à leurs effets négatifs ?

Que pouvons-nous faire ?

Nyéléni 2007 représente une opportunité de continuer à développer des campagnes régionales, nationales et internationales visant à renforcer le contrôle et les savoirs locaux, tout en combattant l’invasion des technologies nuisibles. De nombreuses actions et stratégies sont possibles pour contrecarrer les technologies néfastes et pour promouvoir les savoirs locaux.

Questions :

Il existe, à niveau local et régional, de nombreuses initiatives et de nombreux réseaux permettant d’utiliser et d’échanger les semences locales, les informations relatives aux systèmes des savoirs locaux, etc., afin de reconquérir le contrôle local. De quelle manière pouvons-nous encourager de manière plus prononcée ce genre d’initiatives, comment pouvons-nous les renforcer à l’échelon local et les soutenir sur la scène internationale ?

De nombreuses similarités existent dans la révolution « verte », la révolution « bleue » et la révolution de l’élevage imposées par les grands groupes, et des stratégies conjointes visant à les combattre pourraient être étudiées par les acteurs impliqués dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Comment cela peut-il être mis en œuvre ?

De quelle manière pouvons-nous consolider les alliances entre les différents secteurs afin de lutter contre les technologies nuisibles telles que les plantations industrielles, l’élevage intensif du bétail, le génie génétique et les brevets sur la vie ?

Quel type de campagnes internationales s’adressant à des institutions, des fondations et des compagnies spécifiques promouvant des technologies nuisibles peut être développé ?

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