Semences paysannes – droits et pouvoir
Illustration, Anna Loveday-Brow
Le processus séculaire qui a créé et développé la diversité dans les champs a conduit à la mise en place d’une série des bases juridiques visant à garantir l’exercice des droits collectifs, permettant ainsi une coévolution continue. Il est de la responsabilité des Étatsnations de déterminer comment les ressources naturelles doivent être utilisées et réparties. Il leur incombe de décider quels droits doivent être accordés pour l’utilisation, l’accès et le contrôle de ces ressources et quels sont les titulaires de ces droits. Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs au sein des États-nations et entre les différents États a modifié la nature de ces droits, en imposant, par exemple, des Droits de propriété intellectuelle sur les semences et en tentant de réduire à néant les droits collectifs détenus et codifiés au fil du temps par les collectivités ou les paysans et paysannes. Il est légitime de lutter et de mener des actions d’auto-défense contre la violation de ces droits collectifs, comme par exemple ceux qui garantissaient – ou continuent de garantir – l’accès, l’utilisation et le contrôle de la terre, de l’eau et de la biodiversité. Cette légitimité prime sur les réglementations et législations éventuellement en place, lorsque celles-ci vont à l’encontre de ces droits. La nécessité, pour les petits producteurs d’aliments, de regagner leur autonomie et de recouvrir la souveraineté dans la gestion des ressources génétiques est un outil fondamental en vue d’adapter la production d’aliments aux besoins de la population mondiale ainsi qu’aux changements incessants des écosystèmes. Ceci doit être clairement expliqué dans le cadre du TIRPAA.
Antonio Onorati, Président de Crocevia et point focal international du CIP pour la souveraineté alimentaire