L’agroécologie à la croisée des chemins
L’agroécologie comme résistance et transformation : la souveraineté alimentaire et la Terre Mère
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Des mouvements sociaux de base jusqu’à la FAO, les gouvernements, les universités et les entreprises, l’agroécologie est soudain à la mode. Mais, tout le monde ne comprend pas l’agroécologie de la même façon. Alors que pendant des années, les institutions et entreprises dominantes ont marginalisé et ridiculisé l’agroécologie, elles tentent aujourd’hui de s’en emparer. Elles veulent prendre ce qui leur est utile dans cette idée, à savoir l’aspect technique, et s’en servir pour perfectionner l’agriculture industrielle tout en se conformant au modèle des monocultures et à la dominance du capital et des entreprises dans les structures de pouvoir. À l’inverse, les mouvements sociaux utilisent l’agroécologie pour remettre en question les structures de pouvoir existantes (comme les monopoles et la concentration foncière), pour résister aux multiples attaques portant atteinte à la vie dans les zones rurales et à notre Terre Mère. Ils s’en servent aussi comme outil favorisant la transformation sociale, économique, culturelle, politique et écologique des communautés et des territoires. Leur agroécologie n’est que technique ; notre agroécologie est politique.
L’agroécologie est devenue un territoire contesté. Au sein de nos mouvements de peuples, il est fondamental que nous développions un consensus sur le sens qu’elle revêt à nos yeux et sur ce que nous défendons. C’est pourquoi, en parallèle de nos actions visant à construire l’agroécologie dans nos territoires, nous avons organisé le Forum international pour l’agroécologie à Nyéléni (Mali), en février 2015, et pourquoi nous avons revendiqué l’agroécologie au niveau des forums récemment organisés par la FAO sur cette thématique à Rome, aux Amériques, en Asie, en Afrique, en Chine et en Europe.
Peter Rosset, La Via Campesina et Martín Drago, Amis de la Terre International