Bulletin n° 27 – Éditorial

Les marchés de petits exploitants

Illustration: Rigel Stuhmiller – www.rigelstuhmiller.com

Dans chaque ville indienne, les vendeurs ambulants poussent leurs chariots d’un quartier à l’autre, proposant à leurs clients des fruits et légumes saisonniers ou pérennes. Sur les côtes, le produit des pêches des petits bateaux sont mis en vente chaque matin et chaque soir et les vendeurs itinérants achêtent le poisson de ces marchés et vont les vendre dans les villages. Les marchés quotidiens de poissons et de fruits de mer sont communs dans les zones côtières dans la région Asie-Pacifique. En Thailande, les marchés sont le meilleur endroit pour trouver les ingrédients traditionnels, les herbes et les épices. Au Cambodge en zone rurale, il est commun de voir le long des routes des étals vendant maïs, gourdes ou autres légumes, fruits de saison, sucre de palme ainsi que viande ou poisson séchés. Des scènes identiques se déroulent tous les jours dans de nombreuses régions du monde à travers des zones climatiques et géographiques variées.

Toutes ces victuailles, crues, cruites ou préservées, sont produites par des petits fermiers locaux, pêcheurs, bergers nomades, éleveurs, producteurs et entrepreneurs—la majorité étant des femmes—à travers différents types de marchés: temporaires, permanents, ambulants, livraisons directes, coopératives, etc. La grande partie de la nourriture consommée dans le monde est produise par des petits exploitants et des travailleurs, et distribués à travers des “marchés territoriaux” qui reflètent la grande diversité de contextes qui caractérisent la production et la distribution de produits alimentaires. Les marchés territoriaux sont une source importante d’emplois et sont un des éléments majeurs de la lutte contre la faim et la pauvreté.

Ces marchés sont de plus en plus menacés par intérêts d’entreprise qui régulent les super- et hypermarchés, l’approvisionnement, les stockage, les certifications, et les systèmes d’innocuité des produits alimentaires. Les entreprises utilisent les accords néo-libéraux de marché et d’investissement, et les systèmes de marchandisation des produits, contrôlant la production, le prix, la distribution et la consommation des produits alimentaires. La protection et le renforcement des marchés de petits producteurs sont des pôles essentiels de la défense de la souveraineté alimentaire, et de la restauration du contrôle sociétal de l’économie.

Shalmali Guttal, Focus on the Global South