L’écho des campagnes

L’écho des campagnes 1

Réflexions d’un jeune pêcheur

Tylon Joseph, Réseau caribéen des organisations de pêcheurs (CNFO), Grenade

Je suis un jeune pêcheur et leader de la communauté de pêcheurs de Gouyave, la capitale de la pêche d’une île des Caraïbes appelée Grenade. Je pêche depuis mon enfance, je lance des lignes depuis le rivage et depuis notre jetée locale : pour attraper des chinchards (ou jacks comme nous les appelons localement), d’autres espèces de carangidés et de petits poissons en général. Mon père est pêcheur de profession. J’ai appris beaucoup de lui, de ce que je sais sur la pêche et sur le fait d’être dans cet environnement. J’ai vraiment appris à apprécier ma compréhension innée de l’environnement marin, découlant du fait d’être pêcheur, tout en poursuivant un diplôme en biologie marine et conservation de la faune à l’Université St George’ s. Être pêcheur me permet de couvrir mes frais de scolarité.

 Au départ, je n’avais jamais pensé à aller à l’université ; après avoir passé environ 5 ans à pêcher pour gagner ma vie, j’ai réalisé que mon pays commençait à régresser rapidement malgré le développement de l’industrie. Il y a peu ou pas de systèmes gouvernementaux et de personnel en place pour aider l’industrie à progresser et les pêcheurs ne participent pas non plus aux grandes décisions stratégiques. D’autre part, les exportateurs locaux, à qui je vends mes poissons, ont commencé à profiter de plus en plus nos pêcheurs. J’ai alors décidé que si je voulais construire un foyer et pouvoir subvenir aux besoins de ma future famille, je devais me lancer dans un autre domaine et j’en ai choisi un proche de la pêche et des poissons.

L’écho des campagnes 2

Luttes des artisans pêcheurs. Le point de vue d’une femme brésilienne, pêcheuse à petite échelle.

Josana Pinto da Costa, Movimento de Pescadores e Pescadoras Artesanais do Brasil (MPP), WFFP

Je suis une pêcheuse et je vis dans la communauté d’Amador dans la municipalité d’Óbidos dans l’État du Pará. Je m’exprime du point de vue d’une artisane pêcheuse. J’ai été témoin de pertes dans nos territoires et les principales menaces sont l’expansion de l’agro-industrie, de l’hydro-industrie, de l’exploitation minière ainsi que la privatisation de nos eaux. Afin de résoudre ce type de problème, nous, les artisans pêcheurs, nous nous sommes organisés collectivement sous le nom de Movimento de Pescadores e Pescadoras Artesanais do Brasil (MPP). Nous avons également rejoint le Forum mondial des peuples de  pêcheurs (WFFP) et je siège actuellement à son comité de coordination.  Tant au sein du MPP que du WFFP, en 2021, nous avons relevé le défi de lancer le tribunal des peuples contre l’accaparement de l’océan. Nous le reconnaissons comme l’un des principaux outils d’information et d’éducation dans la lutte contre le capitalisme dans nos eaux. La pertinence du tribunal doit être reconnue par tous, galvanisant nos luttes sociales et la préservation de l’environnement. Notre objectif est de toujours avoir des terres libres et une nourriture saine.

L’écho des campagnes 3

Point de vue d’un non-pêcheur sur les pêcheurs artisanaux

Ravindu Gunaratne, Sri Lanka

Je vis dans un village où la plupart de mes voisins et amis vivent de la pêche, mais je ne suis pas impliqué dans cette activité. Je viens d’une famille de la classe moyenne et je vais à l’université. À mon avis, la pêche artisanale est diversifiée, dynamique, attachée aux moyens de subsistance et à la culture des communautés locales. Je suis un défenseur de la pêche artisanale et je soutiens les pêcheurs en vue de leur amélioration. L’industrie de la pêche contribue à moins de 2% du produit intérieur brut du pays, mais la pêche artisanale est d’une grande importance pour fournir de la nourriture aux habitants et aussi pour des fonctions sociales telles que le travail dans les zones rurales. Au Sri Lanka, la pêche artisanale est en grande partie une pêche traditionnelle. Je suis une personne qui soutient les artisans pêcheurs et je comprends ce secteur car je vis dans un village de pêcheurs. Quand aux jeunes, je vois comment ils luttent à la fois contre la pauvreté et l’ignorance. La pêche à petite échelle est respectueuse de l’environnement, mais une énorme menace due aux ordures et aux déchets plastiques pèse sur les zones côtières. Je travaille avec les jeunes pour promouvoir le bien-être environnemental et faire comprendre aux autres que les artisans pêcheurs nuisent moins à la mer et à l’environnement en raison de l’utilisation de pratiques de pêche plus respectueuses de la nature. Je travaille avec les jeunes afin de promouvoir le bien-être environnemental et faire comprendre aux autres que les artisans pêcheurs nuisent moins à la mer et à l’environnement en raison de l’utilisation de pratiques de pêche plus respectueuses de la nature. En ce qui concerne les défis auxquels est confrontée la communauté des pêcheurs, je pense à l’épuisement des ressources, à la piètre performance économique, à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ainsi qu’au stress social et culturel chez les personnes sans défense. La pêche artisanale est une profession de subsistance axée sur la durabilité. En travaillant avec la communauté des artisans pêcheurs, j’ai remarqué que la pêche artisanale a reçu relativement peu d’attention ou de soutien de la part de notre gouvernement. Il est estimé que l’évaluation et la gestion de la pêche artisanale ont permis d’accroître les efforts de compréhension et de mise au point de processus, de mécanismes et de méthodes plus adaptés aux problèmes rencontrés par la pêche artisanale. La promotion de la pêche artisanale est très importante sur la base des principes de justice sociale, climatique et économique, qui rendent plus autonomes nos villages de pêcheurs. Toutes ces justices font partie de la souveraineté alimentaire. Je défends la souveraineté alimentaire !