L’écho des campagnes 1
Micherline Islanda, Union des petits producteurs de Haïti (Tet Kole Ti Peyizan Ayisyen), Haïti
Les « systèmes alimentaires » désignent toutes les étapes requises pour nourrir une population : la culture, la récolte, l’emballage, le transport, le marketing, la consommation et le recyclage.
L’accès aux terres est très difficile en Haïti et c’est un obstacle majeur à la souveraineté alimentaire. Le système alimentaire industriel prédominant n’est pas durable car il ne produit pas assez d’aliments nourrissants et adaptés culturellement pour tout le monde. De plus, il est nocif pour la planète. L’agriculture industrielle fait partie des plus gros pollueurs et met en péril la survie des générations à venir.
Pour répondre à ces défis, nous organisons des sessions de formation suivant les causes pour lesquelles LVC lutte. Nous organisons les jeunes et nous retrouvons pour remonter à l’origine de cette hégémonie et exploitation économiques. Nous analysons les actions de l’État ainsi que les entraves structurelles et systémiques qui empêchent les paysans de posséder ou accéder à nos territoires. Nous travaillons aussi sur les sujets de la domination sociale et culturelle, l’accès au crédit, le marketing, la transformation, l’artisanat, la pêche et la pisciculture, le bétail, les baux, l’environnement, les infrastructures, le tourisme, les ressources minières et énergétiques, l’accès à l’eau potable et l’assainissement. Nous étudions les systèmes agroécologiques locaux nécessaires pour parvenir à la souveraineté alimentaire. Nous pratiquons et partageons une production agricole reposant sur des pratiques d’agriculture familiale.
L’écho des campagnes 2
Chengeto Sandra Muzira, Forum des petits agriculteurs biologiques du Zimbabwe (ZIMSOFF), Zimbabwe
En Afrique, les jeunes paysans organisés au sein de La Via Campesina sont des acteurs incontournables dans la promotion de l’agenda agroécologique. Nous jouons un rôle déterminant dans la sensibilisation et l’information sur l’agroécologie auprès du grand public à travers divers canaux et événements. Malheureusement, le manque de politiques publiques adéquates ou d’aides financières publiques aux jeunes paysans ainsi que l’appropriation croissante des graines des paysans par l’industrie représentent des obstacles majeurs pour la jeunesse zimbabwéenne.
Plusieurs organisations du sud, de l’ouest et de l’est de l’Afrique se sont considérablement engagées pour répondre à ces difficultés en organisant des ateliers de renforcement des capacités dans les pratiques agroécologiques. Les jeunes paysans sont aussi appelés à interpeller les différents ministères de l’agriculture durant la rédaction des politiques et leur mise en application. Les jeunes paysans de nos organisations suivent également des formations sur les dernières avancées technologiques ainsi que sur les débouchés et les menaces. Par exemple, nos ateliers tournaient autour des dangers causés par les OGM sur le continent africain et la numérisation de l’agriculture.
Des organisations comme Kenya Peasants’ League, le Forum des Agriculteurs de l’est et du sud de l’Afrique (ESAFF) en Ouganda, le Forum des petits agriculteurs biologiques du Zimbabwe (ZIMSOFF), le Mouvement des sans-terre ; les pays d’Afrique occidentale et centrale, l’União Nacional de Camponeses (UNAC) et la Confédération Paysanne du Congo (COPACO) ont continué à étendre le réseau et échanger des connaissances entre jeunes paysans et agriculteurs par le biais de séminaires, conférences et symposiums sur l’agroécologie.
L’écho des campagnes 3
Marlan Ifantri Lase, Serikat Petani Indonésie
La menace d’une crise alimentaire peut être atténuée en Indonésie car à de nombreux égards nous sommes toujours une société agricole forte. Pourtant, l’Indonésie compte sur des importations alimentaires comme le riz, la viande, le blé ou encore le sucre. En raison d’une application continue de la « sécurité alimentaire » comme approche au développement agricole et rural, les importations alimentaires menacent notre société.
Le gouvernement doit accélérer l’application de la réforme agraire et protéger nos marchés locaux, afin de permettre aux producteurs d’aliments de vivre dignement, pour rendre la paysannerie et l’agriculture/production d’aliments attractives pour les jeunes.
Serikat Pateni Indonesia a permis la création de zones pour la souveraineté alimentaire (KDP) sur nos terres et territoires agricoles. KDP représente une zone où nous utilisons les ressources naturelles de manière agroécologique. Nous nous tournons vers l’agroécologie pour produire des aliments en quantités suffisantes, surs, sains, nourrissants et durables pour et par les personnes. Nous soutenons les moyens de subsistance en associant les récoltes aux marchés paysans dynamiques sur nos territoires. Nous promouvons et pratiquons un système économique de coopératives pour garantir des prix justes pour le bien des paysans et des consommateurs locaux.
L’écho des campagnes 4
Vimukti (Anuka) De Silva, Mouvement pour une réforme nationale foncière et agricole, Sri Lanka
L’instabilité économique, politique et sociale dans des sociétés dépendantes de la dette comme le Sri Lanka anéantit les rêves des jeunes. Les jeunes paysans, déjà vulnérables à bien des égards, sont face à un avenir inquiétant. Beaucoup d’entre nous désespèrent et partent vers les villes ou à l’étranger pour occuper des postes dangereux et instables. Les prêts de microfinance ont enfermé les femmes et les familles rurales dans un cercle vicieux d’endettement et d’indignité. Nous avons créé le Mouvement pour une réforme nationale foncière et agricole, et nous ne cessons d’œuvrer pour un processus politique et économique alternatif en mobilisant les jeunes, pour qu’ils fassent valoir leurs droits. Le modèle capitaliste dominant voit les aliments comme une marchandise qui se vend. La production alimentaire au sein du système capitaliste ne répond en aucun cas à la famine. Aussi, nous nous tournons vers l’agroécologie et la souveraineté alimentaire qui sont des véritables solutions pour la société et la chaîne alimentaire.