L’écho des campagnes

L’écho des campagnes 1

Des illustrations et des bandes-dessinés pour promouvoir la souveraineté alimentaire et les droits des paysan.ne.s

« Le livre d’illustrations sur l’agriculture naturelle publié par Amrita Bhoomi explore les expériences des femmes et des hommes exerçant l’agriculture en milieu rural et leurs pratiques écologiques pour restaurer les sols. Il dénonce aussi les horreurs de l’agriculture industrielle. Grâce à notre travail auprès des paysan.ne.s et des enfants au Centre Amrita Bhoomi, nous avons rassemblé leurs témoignages et contributions en nous servant des figures de l’oiseau blanc local et du lombric généreux pour relier toutes ces histoires », expliquent Chilli et Yemee qui ont travaillé sur cet ouvrage (en kannada uniquement). « En reprenant des symboles et des contes locaux, nous avons créé une histoire pour apprendre aux enfants l’importance de l’agroécologie et de l’agriculture naturelle en tant qu’alternatives. À présent, les écoliers des villages alentours utilisent ce livre et élaborent des petits projets. », ajoute Chukki Nanjudaswamy du Centre Amrita Bhoomi.

De son côté, la Confédération Paysanne, en France, a développé une histoire graphique sur la privatisation du système semencier. Damien Houdebine, Secrétaire National en charge du pôle végétal, nous parle de cette bande-dessinée intitulée Histoire de semences : Résistances à la privatisation du vivant : « Les débats sur les semences et sur les OGM sont très médiatisés mais beaucoup trop d’informations imprécises circulent ! Nous avons voulu créer un matériel accessible, pédagogique et en particulier dirigé vers la jeunesse. Défi réalisé ! La publication de cette bande-dessinée est un vrai succès. Elle est sur toutes les tables, dans toutes les fêtes paysannes, et nous accompagne dans nos actions pour la souveraineté alimentaire ! »

Militant au sein du MNCI Somos Tierra (Mouvement national paysan autochtone) en Argentine, Carlos Julio est aussi l’artiste qui a dessiné les croquis de Droits pour les paysannes. Il explique que « le meilleur compliment que je reçois pour mon travail de dessinateur, c’est quand les camarades du MNCI me disent ‘ce dessin reflète qui je suis’, ‘il exprime nos luttes’, ‘il exprime notre vie’, etc. Un autre compliment qui me touche particulièrement, c’est quand ils me disent ‘ça m’a fait beaucoup rire’. Je sais aussi que quand on a un débat ou qu’on développe des documents, les dessins aident à interroger la réalité et à transmettre un message par-delà les mots. J’ai pris beaucoup de plaisir à faire les illustrations de Droits pour les paysannes et femmes du monde rural ! Montrer la vie paysanne, faire apparaître un sourire, faire réfléchir et discuter. Ce n’est pas rien. »

L’écho des campagnes 2

Voz campesina, le rôle des radios locales pour promouvoir la souveraineté alimentaire

Azul Cordo, Radio Mundo Real

Il y a dix ans, Radio Mundo Real et la Coordination latinoaméricaine des organisations rurales (CLOC-Via Campesina) créèrent Voz Campesina (voix paysanne), un programme radiophonique qui aborde les principaux sujets du mouvement paysan, ses luttes, défis et accomplissements. Il couvre aussi les manifestations organisées par la CLOC et ses alliés.

Voz Campesina, tout en ayant sa propre mission, fait entendre la perspective paysanne et populaire, anticapitaliste, antiraciste, anticoloniale et féministe sur des problématiques qui concernent tout le monde. Ainsi, au cours des douze derniers mois, le programme a proposé une analyse de la pandémie de COVID-19, en expliquant qu’elle est la conséquence de la crise du système néolibéral que nous vivons depuis plusieurs années et en mettant en exergue les solutions déjà mises en œuvre par les paysan.ne.s comme l’agroécologie et la souveraineté alimentaire.

Chaque édition cherche à garantir la représentation des hommes, des femmes et autres personnes, jeunes et moins jeunes, membres de la CLOC et issus des régions d’Amérique du Sud, centrale et des Caraïbes. Les contenus mettent l’accent sur les expériences paysannes en matière d’accès à la terre ainsi que sur l’analyse et la contestation dans les territoires. Le défi consiste à amplifier sa diffusion. Disponible sur les sites Internet de Radio Mundo Real et de la CLOC, le programme peut également être réécouter sur les plates-formes de podcast.

L’écho des campagnes 3

Journaux paysans, exemple de Corée du Sud

Jeungsik Shim, rédacteur en chef de KPL News, Corée du Sud

KPL News est un journal de presse écrite géré et distribué par la Ligue coréenne paysanne (KLP, de son sigle en anglais). Dès sa création en 1990, KPL a compris le besoin de compter sur son propre média. KPL luttait en faveur des questions paysannes mais les médias existants n’y accordaient aucune attention ou déformaient les sujets. Finalement, en 2006, KPL a pris le contrôle d’un hebdomadaire spécialisé dans l’agriculture et a publié le premier numéro de KPL News (Han-kuk-nong-jung en coréen) le 25 septembre.

Spécialisé dans l’agriculture, ce journal paraît toutes les semaines et traite l’information concernant les zones rurales et la population paysanne. Il sort tous les lundis, quatre fois par mois, 48 fois par an et est distribué à plus de 30 000 paysan.ne.s dans tout le pays. Il en existe aussi une version en ligne, qui est actualisée régulièrement de sorte que les lecteurs et les lectrices ne recevant pas la version papier puissent lire le journal partout dans le pays.

L’écho des campagnes 4

L’arpillería, un art pour raconter et ne pas oublier

Blanca Nubia Anaya Díaz, membre du Mouvement social de défense des Ríos Sogamoso et Chucurí (Movimiento Social en defensa de Ríos Sogamoso y Chucurí), Colombie

Affilié au mouvement Ríos Vivos (rivières vivantes) de Colombie, le Mouvement social de défense des fleuves Sogamoso et Chucurí a vu le jour pour lutter contre le barrage Hidrosogamoso.

La technique de l’arpillería est un art qui sert à raconter, d’une autre façon, ce que nous avons vécu. Dans le cadre de nos efforts pour alerter sur le problème et diffuser le message, nous avons pris du fil, des aiguilles, des chutes de tissu et nous sommes mises à broder des scènes de la vie quotidienne sur des toiles de jute.

Nous fabriquons ces souvenirs pour que les personnes qui les voient ne laissent pas les méga-projets causer les mêmes dommages sur leurs territoires. Nous reproduisons ce que nous avons vécu ; c’est pour cela que les scènes montrent des poissons morts et peu de personnes. On utilise du matériel rustique et on étaye le travail avec du collage. Nous voulons montrer aux gens ce que nous avons perdu.

Notre intention est de continuer à faire de l’arpillería car c’est un art très beau. De fils en aiguilles, on bavarde, discute et raconte. En commençant à fabriquer ces souvenirs, nous avons découvert que nos morts n’étaient pas pour rien, que les personnes déplacées de nos communautés n’étaient pas les méchants, que derrière tout cela il y avait un contexte que nous découvrons peu à peu et que nous reproduisons sur du jute.

Nous allons continuer à coudre car nous voulons que les souvenirs empêchent la répétition et apportent la paix. Nous, les femmes, nous luttons pour la paix, armées d’un fil et d’une aiguille.