Bulletin n° 3 – Éditorial

Semences paysannes – droits et pouvoir

Illustration, Anna Loveday-Brow

Le processus séculaire qui a créé et développé la diversité dans les champs a conduit à la mise en place d’une série des bases juridiques visant à garantir l’exercice des droits collectifs, permettant ainsi une coévolution continue. Il est de la responsabilité des Étatsnations de déterminer comment les ressources naturelles doivent être utilisées et réparties. Il leur incombe de décider quels droits doivent être accordés pour l’utilisation, l’accès et le contrôle de ces ressources et quels sont les titulaires de ces droits. Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs au sein des États-nations et entre les différents États a modifié la nature de ces droits, en imposant, par exemple, des Droits de propriété intellectuelle sur les semences et en tentant de réduire à néant les droits collectifs détenus et codifiés au fil du temps par les collectivités ou les paysans et paysannes. Il est légitime de lutter et de mener des actions d’auto-défense contre la violation de ces droits collectifs, comme par exemple ceux qui garantissaient – ou continuent de garantir – l’accès, l’utilisation et le contrôle de la terre, de l’eau et de la biodiversité. Cette légitimité prime sur les réglementations et législations éventuellement en place, lorsque celles-ci vont à l’encontre de ces droits. La nécessité, pour les petits producteurs d’aliments, de regagner leur autonomie et de recouvrir la souveraineté dans la gestion des ressources génétiques est un outil fondamental en vue d’adapter la production d’aliments aux besoins de la population mondiale ainsi qu’aux changements incessants des écosystèmes. Ceci doit être clairement expliqué dans le cadre du TIRPAA.

Antonio Onorati, Président de Crocevia et point focal international du CIP pour la souveraineté alimentaire

Bulletin n° 2 – Éditorial

L’élevage industriel à la base de la mal-bouffe mondiale

Illustration by Anna Loveday-Brow

Il n’y a pas de symbole plus puissant du contrôle absolu exercé par le système agroalimentaire international (depuis l’accaparement des terres jusqu’à la distribution et la vente au détail), que l’élevage intensif. Ces complexes industriels génèrent une importante pollution et provoquent des maladies dans des régions entières, tout en émettant d’énormes quantités de gaz à effet de serre – tout cela essentiellement afin de produire des aliments destinés aux pauvres: de la viande “bon marché” à la qualité douteuse et dont le coût réel n’est jamais mesuré. Ce mode de production nous est imposé à nous, l’humanité – et englobe, en une seule et même crise, des crises multiples. Dans la liste presque sans fin des calamités engendrées par les élevages intensifs, la monoculture de soja génétiquement modifié – produit à grand renfort de pesticides et ensuite utilisé pour nourrir des animaux captifs dans des parcs industriels – est la garantie pour les grands groupes de l’agro-business de voir tout l’argent de la chaine revenir dans leurs poches, aux dépens des ressources de la planète. Cependant, les gens prennent de plus en plus conscience de ces question et des espaces se créent pour tenter de comprendre ensemble les enjeux de la situation. Ceci est très subversif, étant donne que, à travers notre mémoire collective, la production de notre propre alimentation, selon nos propres traditions paysannes, est l’essence même de la plus primordiale des autonomies – c’est à partir de ce point que nos peuples, avec tous nos moyens et toute notre sagesse, nous avancerons – et que nous parviendrons même à faire reculer le changement climatique, afin de parvenir à une vie de justice et de dignité pour l’avenir.

GRAIN

Bulletin n° 1 – Éditorial

Changement climatique

Illustration by Anna Loveday-Brow

Nous pouvons créer un millier de Cancuns pour changer les choses!
Les discussions internationales sont paralysées par le refus des pays industrialisés à aborder leur responsabilité historique. Mais nos mouvements vont de l’avant en construisant de réelles solutions aux changements climatiques. A travers le monde, des paysans et paysannes, pêcheurs, éleveurs et éleveuses nomades, peuples autochtones, formulent des solutions – des sociétés non dépendantes des carburants fossiles, protégeant les forêts, et mettant en oeuvre la souveraineté alimentaire. Ils sont de plus en plus rejoints par des mouvements populaires et de travailleurs dans les pays industrialisés qui reconnaissent les impacts de la surconsommation et de la domination des entreprises sur leur bien-être. Ces sujets vont maintenant être portés de Cochabamba à Cancun.

Ceci témoigne de la force, de l’intégrité et de l’interconnectivité des mouvements pour une justice climatique et pour la souveraineté alimentaire. Mais il y a aussi des défis à surmonter. Des propositions qui sont sur la table saperaient, si elles étaient retenues, la capacité des populations à mettre en place les changements urgents nécessaires. Les projets de compensation de Réduction des Emissions dues à la Déforestation dans les pays en Développement, le Mécanisme de Développement Propre et la géo-ingénierie sont des solutions viciées à la base. Ils sont le résultat de l’appropriation du débat sur le climat par les grandes entreprises. Ce numéro de la lettre d’information met en lumière la nécessité pour nous de prendre en main le futur de notre planète. Ensemble, nous pouvons créer un millier de Cancuns pour changer les choses!

Kirtana Chandrasekaran, Coordonnatrice du programme pour la souveraineté alimentaire, Les Amis de la Terre International

Bulletin n° 0 – Éditorial

Terre

Illustration, Damien Glez pour Afronline

Bon vent au Bulletin Nyéléni !
A l’issue du forum mondial sur la souveraineté alimentaire tenue au Mali en février 2007 les mouvements sociaux qui porté l’initiative de ce grand rassemblement, ont décidé de créer un outil de communication et de liaison afin de poursuivre le combat pour la souveraineté alimentaire et la défense des intérêts des groupes défavorisés que sont les petits paysans et paysannes, les pêcheurs artisanaux, les peuples autochtones et ceux et celles qui vivent du pastoralisme. La situations de ces groupes ne cesse de dégrader face aux différents assauts d’un capitalisme devenu totalement inhumain. A ces attaques s’ajoute aujourd’hui l’accaparement des terres devenu une réalité que la Banque mondiale dans son dernier rapport entend légitimer. Il est donc urgent et crucial pour les mouvements sociaux de se re-mobiliser et de renforcer les alliances pour faire face à une offensive du néolibéralisme sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Ce bulletin entend apporter une petite pierre à l’édifice de résistance qui sera bâti pour faire échec à aux multinationales, à la banque mondial et leurs alliés. Nous encourageons toutes les organisations et tous les mouvements engagés pour la souveraineté alimentaire à s’embarquer avec nous pour ce grand voyage.

Ibrahim Coulibali, président de la Coordination Nataionales des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) et membre du Comité International de Coordination de la Via Campesina