Encadres

Encadré 1

Formation en agroécologie

« Nous nous battons pour une éducation qui nous apprenne à penser et non à obéir. » Paulo Freire.

Encourager la pensée critique

La grande majorité des jeunes en milieu rural sont marginalisés à tous les niveaux du système éducatif, et le peu d’opportunités qui existent, sont offertes par des institutions qui reproduisent la perspective transnationale d’agriculture, un modèle qui va à l’encontre des intérêts des petites familles d’agriculteurs. Tandis que les grandes universités continuent de fournir ce qu’elles appellent des « techniciens » et « ingénieurs » qui promeuvent l’agro-industrie, depuis 2006 La Via Campesina développe des formations en agroécologie pour les jeunes, hommes et femmes, les campesinas et campesinos, les populations autochtones, travailleurs ruraux, et d’autres membres exclus de la société. Le but est de pousser une nouvelle génération de militants pour la souveraineté alimentaire à construire un nouveau système alimentaire dont nous avons tant besoin. Ces espaces sont le résultat direct du combat social, du dur labeur, et de mobilisation en défense d’une éducation qui tient en haute estime la vie rurale et qui est guidée par une éducation fondée sur des principes philosophiques et pédagogiques comme détaillé ci-dessous.

Principes philosophiques:

Éducation par et pour le changement social ;
Éducation par et pour la diversité ;
Éducation par et pour le travail et la coopération ;
Éducation par et pour la sédition.

Principes pédagogiques :

Pratique/théorie/pratique : l’éducation populaire est fondée sur la conjugaison de l’action, la réflexion et l’action en connaissance de cause. La vraie formation a lieu lorsque la société est en changement.
Éducation/apprentissage : une relation dialectique et horizontale existe entre les enseignants et les apprenants ; avec l’enseignement et l’apprentissage dans un dialogue constant sans hiérarchisation.
Dialogue des Savoirs: c’est uniquement via une diversité de visions, de perspectives, et de propositions que les gens comprennent véritablement le monde qui les entoure.
La recherche fondée sur l’action, participative, et en contexte : les recherches qui sont effectuées sont directement liées aux besoins réels des apprenants, leurs familles et communautés et la lutte pour la souveraineté alimentaire.

La récolte

Les démarches mentionnées ci-dessus pour la formation agroécologique au sein de La Via Campesina commencent à porter leurs premiers fruits. De nouvelles expériences pédagogiques, différentes méthodes pour le dialogue démocratique, sont les plus importants de tous les résultats, les jeunes, femmes et hommes, qui reconnaissent la souveraineté alimentaire comme leur plate-forme pour la transformation de leurs réalités. Si beaucoup de sites de formation doivent être consolidés, présentement des centaines d’autres processus éducatifs ont lieu à la base des mouvements sociaux de la campagne. Partout dans le monde les jeunes posent et répondent à la question de savoir comment obtenir la souveraineté alimentaire?

L’écho des campagnes

L’écho des campagnes 1

Jeunesse sans terre, 30 ans après

Raul Amorim — Collectif de la jeunesse du mouvement des travailleurs ruraux sans terre MST, Pernanbuco, Brésil

Il y a 30 ans, des jeunes ayant la conviction que la lutte doit aller au-delà du territoire local, prirent leur sac à dos et se lancèrent le défi de construire un mouvement national des sans terre. Ils luttaient non seulement pour la terre, mais aussi pour la réforme agraire et pour un projet de transformation sociale. C’est cette jeunesse qui donna naissance au mouvement des sans terre (MST).
Depuis 30 ans, les défis des jeunes paysans et paysannes ont changé. La concentration des terres a augmenté et l’ennemi a pris plus d’ampleur autour des alliances de l’agrobusiness. Dans le même temps, le pouvoir judiciaire criminalise les mouvements qui empêchent la réforme agraire d’avoir lieu et l’appareil du capital financier international spécule avec les vies. Mais la jeunesse des campagnes organisée en mouvements sociaux continue la construction de ce que nous appelons la réforme agraire populaire. En février, au cours du sixième congrès de MST, nous avons tenu la troisième assemblée de la jeunesse sans terre, qui a accueilli plus de 2000 jeunes. Nous nous y sommes engagés à intervenir sur les problèmes de nos réalités, à réaliser une production agricole sans pesticides, à renforcer le développement des campagnes à partir de l’agroécologie comme autre moyen pour la relation de l’être humain avec la nature. Nous sommes engagés à nous organiser en collectivité de la jeunesse et à construire de nouvelles relations sociales culturelles et de genre ; à participer aux luttes de la jeunesse citadine et à avoir comme pratique quotidienne l’internationalisme et la solidarité internationale. La jeunesse fait partie intégrante de l’histoire des travailleurs et nous allons continuer à l’écrire, jusqu’à ce que nous obtenions la victoire du peuple, la libération des exploités, des opprimés et l’émancipation.

L’écho des campagnes 2

Lutte contre l’accaparement de terres

Julia Bar-Tal, agriculteur de Bienenwerder, 45 km de Berlin et membre de « Bündnis junge Landwirtschaft – confédération de jeunes agriculteurs » et AbL, La Via Campesina, Allemagne

La culture des jeunes en Allemagne de l’Est au sein de la lutte pour créer une souveraineté alimentaire est mise à mal par l’accaparement de terres que nous constatons de nos jours. Pour les jeunes agriculteurs qui débutent, la lutte contre les investisseurs et les grandes sociétés agricoles, qui accaparent les terres devant nos yeux, définit notre lutte quotidienne. En raison du passé socialiste, la plupart des terres appartiennent à l’État, lequel, dans le cadre de sa politique néolibérale, emprunte le chemin de la privatisation par les grands investisseurs, le but n’étant pas de créer des moyens de subsistance pour et avec ceux qui y vivent. Au cours des deux dernières années, nous sommes parvenus à créer un mouvement efficace face à ce phénomène. Pour un jeune paysan de notre propre ferme, la lutte personnelle pour les terres est l’exemple le plus pratique de ce qu’il arrive à tous ceux d’entre nous qui risquent de perdre la terre où nous nous trouvons. En tant que créateur et membre de « la confédération des jeunes agriculteurs » en Allemagne de l’Est, nous avons placé cette lutte dans un contexte commun. Nous avons protesté et nous nous sommes battus en tant que paysans, avec nos amis des villes, en menant notre lutte dans la voie de ces biens communs – en comprenant que le processus de déplacement de ces populations est notre souffrance à tous et en y opposant la reconquête de notre souveraineté.

L’écho des campagnes 3

Jeunesse en action !

Norman Chibememe, Zimbabwé Smallholder Farmer Forum (ZIMSOFF)

La plupart des jeunes, tant garçons que filles, sont entièrement engagés dans des activités d’agriculture au Zimbabwe. Les jeunes conçoivent l’agriculture par des méthodes biologiques et des systèmes d’agroécologie durables. La majorité des communautés agricoles rurales sont impliquées dans la multiplication de semences pour la durabilité de la production de semences pour s’assurer de la qualité, la quantité et la fiabilité des récoltes. Les communautés éradiquent la faim dans beaucoup de régions grâce à l’auto-approvisionnement, ‘fushai’, de petites semences, dont la production est la plus appropriée dans les régions à faible rendement où le changement climatique affecte gravement la production agricole.
Avec la production de semences traditionnelles et locales, les jeunes pratiquent également des techniques pour capter l’eau et d’agriculture de conservation (rotation culturale, gestion des terres arables…). Ils sont activement engagés dans les affaires familiales, particulièrement dans l’élaboration des projets de promotion. L’éducation et la formation des jeunes sont très importantes ; les jeunes agriculteurs suivent des cours pour améliorer leurs pratiques d’agriculture tels que la gestion de documents d’archives, des procédés de production de semences ou encore d’agriculture contractuelle. Des documents sur la politique agricole leur ont également été remis, ainsi qu’à leurs communautés pour mieux comprendre et être conscients du contexte national et international.

L’écho des campagnes 4

Une installation réfléchie des jeunes en agriculture

Papa Bakary Coly dit « papis », président du collège des jeunes du conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR), Sénégal

Face aux défis du chômage, particulièrement chez les jeunes, l’agriculture africaine comme tous les autres secteurs d’activités doit se mobiliser pour l’emploi, sous toutes ses formes.
Cependant, on constate des déficits énormes en matière d’installation dans certains pays africains. Si nous prenons l’exemple du Sénégal où il n’existe pas de politique d’installation des jeunes en agriculture, seules des initiatives existent à travers des structures en charge de l’emploi agricole, des projets et des programmes. Cette façon anarchique d’installation, présente plusieurs incohérences qui limitent les résultats obtenus. Ces incohérences se manifestent dans les types d’installation prônés et dans les cibles. En lieu et place de l’auto-installation accompagnée, c’est plus l’Etat providence qui est le plus souvent développé sur un petit nombre, avec des cibles mal définies (souvent des jeunes n’ayant jamais pratiqué de l’agriculture ou ayant abandonnés l’agriculture au profit de l’exode rural) et avec des investissements exorbitants. Le retour sur investissement en termes d’emplois créés ou de capitaux générés est souvent faible en raison du faible taux de fidélisation des jeunes installés. Ceci nous a motivé, au niveau du collège des jeunes du CNCR, à mener des réflexions sur une installation réfléchie des jeunes en agriculture. Les conclusions de nos réflexions nous ont poussé à affirmer que : « Des projets d’installation de nouveaux arrivants dans le milieu agricole c’est bien en soi, mais c’est encore mieux si ces projets tentent d’abord de maintenir ceux qui y sont déjà, car c’est la réussite et le bien être de ces derniers qui constitueront la motivation de l’auto-installation des autres ».

L’écho des campagnes 4

Partager les expériences

Dan Kretschmar, National Farmers Union – La Via Campesina, Canada. Familles de jeunes agriculteurs et membres de la North American Youth Collective of LVC

J’aide à gérer la ferme familiale en Ontario, au Canada qui produit des légumes bio et du bétail. Je viens de revenir de la rencontre régionale de La Via Campesina en Floride où j’ai été délégué de la jeunesse pour la National Farmers Union. Après avoir passé 5 jours avec des camarades des États-Unis et du Mexique, je me sens à la fois revigoré, outré, et habilité. Cette expérience fut accablante. Les histoires de travailleurs agricoles migrants et immigrants sans-papiers à propos de leurs conditions de travail et leur lutte pour leurs droits ont confirmé ce que l’on entend chez nous à ce sujet. Il y a un système de classe flagrant. Les travailleurs agricoles ne peuvent prendre un jour de congé sous peine de se faire virer. Beaucoup de travailleurs, récoltant des agrumes, ont des problèmes dermatologiques graves dus à l’exposition aux pesticides. Les femmes enceintes sont contraintes de travailler jusqu’à ce qu’elles accouchent. Je suis triste de voir ce qu’est devenu le modèle d’agriculture industrielle. La question des travailleurs migrants compte parmi les nombreux problèmes auxquels la région doit faire face. Dès mon arrivée à la rencontre LVC, je me suis senti en famille. La situation critique des agriculteurs à petite échelle se répète dans toute la région. Je suis motivé à me battre pour le changement. Il nous faut continuer à nous battre pour les droits des paysans et des petits agriculteurs et aider à développer le changement des mentalités au sein de la population. Tout commence par la consommation de produits alimentaires dont les producteurs n’ont pas été opprimés. Quand le gouvernement nous lance des miettes afin de nous faire taire, nous ne devons pas nous laisser avoir par cette pratique. La seule option est de prendre les miettes, et de les renvoyer et de dire encore plus fort « ce n’est pas suffisant ! » Nous ne pouvons battre en retraite.

Sous les feux de la rampe

Jeunesse en mouvement : Luttes et visions pour la souveraineté alimentaire

Les peuples de la campagne qui résistent amendent les terres fertiles où grandit une jeunesse, qui s’unit à la création de son avenir. La jeunesse est le peuple, la jeunesse est la terre.
Poème de Javier García Fernández, jeune militant de la SOC-SAT. Version originale en espagnol

De nos jours, les jeunes des régions rurales du monde entier doivent affronter un des plus grands défis de l’histoire : reprendre le flambeau de la lutte paysanne tout en faisant face aux nouveaux défis pour la construction d’un monde radicalement nouveau. Partout dans le monde, le système capitaliste néolibéral a imposé un modèle politique et économique d’agriculture industrielle. Une monoculture intensive et un accaparement des terres menées par les transnationales avec l’approbation des gouvernements nationaux et locaux. Ce modèle, qui promeut la privatisation de tous les biens naturels, y compris la terre, le bois, l’eau et les graines, détruit les moyens de subsistance et l’héritage culturel paysan. Il draine également notre mère la terre de ses ressources.

Lutte contre :

Partout dans le monde, les jeunes sont face à un système capitaliste néolibéral. Dans les rues et les champs, ils luttent en vue de construire un nouvel avenir pour notre société et notre planète.
L’industrialisation et la marchandisation de l’agriculture créent un système dans lequel très peu détiennent le pouvoir sur la nature et sur toutes les phases du système alimentaire (de la production à la distribution). Ce système impose l’accès aux ressources naturelles et à la terre que les paysans et paysannes nécessitent pour produire des aliments sains. Il dénie également l’accès aux marchés locaux où l’on peut obtenir un prix juste pour ses produits et ne pas devoir être en concurrence avec des aliments importés et subventionnés avec des prix inférieurs au coût de production.
Les jeunes luttent pour restaurer le rôle que le pays a perdu dans ce système.
Ils luttent pour le droit de produire des aliments pour leur communauté et le droit de préserver la souveraineté sur leurs terres, leurs graines et leur savoir traditionnel… Cette lutte s’articule sous de nouvelles formes et utilisent de nouveaux moyens.

Le thème de l’accès à la terre pour les jeunes est une question clé de la lutte, particulièrement à un moment où l’accaparement de terres et le système des grands propriétaires terriens se fait de plus en plus ressentir dans le monde. C’est pourquoi dans les villes et les campagnes, les jeunes paysans occupent des terres et territoires pour produire une alimentation locale, et pour braver le modèle capitaliste néolibéral qui permet aux grandes entreprises et autres intérêts privés d’accaparer, exploiter et détruire la terre et, par la même occasion, les moyens de subsistance des
communautés du monde entier.

Le système alimentaire industriel actuel n’est pas à même d’assurer l’avenir de l’humanité. La Terre est une ressource qui nous appartient à tous, et nous tous lui appartenons également. L’unique proposition alternative à même de restaurer la vie et la dignité des peuples, d’englober notre lutte, et de faire face au système financier capitaliste est la Souveraineté Alimentaire. Les jeunes représentent l’avenir de la souveraineté alimentaire dans le monde.

Lutter pour :

Les luttes de la jeunesse sont le produit de plus de 500 années de résistance au colonialisme et sont alimentées par le droit inaliénable d’imaginer et construire un modèle de vie de la terre qui les entoure, en harmonie avec la nature et ses écosystèmes (la Pachamama, la Terre-Mère est la plus haute divinité des peuples andins). Membres de plus de 160 organisations dans plus de 70 pays, les jeunes de la Via Campesina reprennent le flambeau de cette longue histoire de lutte paysanne amorcée par les peuples de la Via Campesina.Les jeunes des quatre coins de la planète démontrent qu’il est possible de construire un autre monde.

D’une part, à travers la participation de la jeunesse dans les expériences de lutte et de résistance pour la souveraineté alimentaire dans le monde entier. Les coopératives telles que MST au Brésil, les occupations de terre en Andalousie, les luttes contre le maïs transgénique en Afrique du Sud, ou les luttes contre Monsanto menées par les paysans et paysannes en Inde représentent quelques exemples.

D’autre part, à travers la promotion de l’autogestion, la prise de décision participative, la reconnaissance unanime du rôle clé de la jeunesse, la création et l’emploi de nouvelles formes d’organisation et d’action. Dans les rues de nombreux pays, nous voyons naître des mouvements tels que Occupy, les indignés, et le printemps arabe, dont beaucoup sont nés de l’initiative de jeunes qui concevaient de nouvelles façons de s’organiser du bas vers le haut.

La jeunesse lutte pour le droit à la terre, pour la réforme agraire intégrale et pour assurer les droits de ceux et celles qui travaillent dans les champs.
Les jeunes luttent pour une autre façon de produire, en utilisant l’agroécologie et ce principe comme fondement pour construire un système alimentaire local qui travaille avec et non contre la nature. Un système qui réclame des droits sur les semences, qui sont notre patrimoine au service de l’humanité.

Les jeunes développent des marchés et des systèmes de transformation et de distribution locale pour s’affranchir du joug du marché oppresseur. L’agroécologie et ses principes répondent à la vision du modèle de développement local, écologique et économique, culturel et politique que les jeunes veulent pour leur présent et leur futur.
Les jeunes qui luttent pour l’égalité des sexes, et contre le système patriarcal, luttent pour les droits des jeunes femmes paysannes et le droit à une médecine sexuelle reproductive de qualité. Les jeunes luttent pour assurer des conditions de vie dignes pour toutes et tous, ils luttent pour l’avenir dans les campagnes.

Pour mener sa lutte à bien, la jeunesse connaît l’importance que revêtent l’éducation et la formation, puisque de plus en plus les Etats et les gouvernements nationaux et locaux ne répondent plus à leur besoin d’éducation.
C’est pourquoi l’on voit apparaître de plus en plus des exemples de pratique de l’agroécologie, d’autoformation, d’initiative à la formation et d’éducation populaire au sein de la résistance paysanne. Une éducation pour vivre, pour penser et pour trouver de nouvelles façons de s’organiser. Une éducation qui nous aide à libérer le coeur, la pensée, les mots et les actes. Ce sont les chemins déjà empruntés par les jeunes.

Le présent c’est nous

Notre première action est locale : nous travaillons la terre ou essayons de la travailler.
Nous prônons un modèle d’agriculture et de société, et chacun d’entre nous essaie de prêcher par l’exemple. Notre lutte trouve son écho dans les luttes rurales, urbaines et dans tout autre lieu où l’on se bat contre le système capitaliste financier néolibéral.

C’est pourquoi la seconde action que nous entreprenons est le travail syndical : le militantisme que nous menons de front dans tous les débats qui nécessitent notre mobilisation et nos efforts. C’est sur ce chemin du militantisme que nous construisons des réseaux d’alliances avec des étudiants et militants urbains, des travailleurs paysans, consommateurs, et migrants. Si les jeunes ne se défendent pas, s’ils ne travaillent pas ensemble, personne ne le fera pour eux! Nous ne sommes pas l’avenir, nous sommes le présent !

¡Alerta, alerta, alerta que camina, la juventud en lucha de la Vía Campesina!

Bulletin n° 17 – Éditorial

Jeunesse et agriculture

Sans la participation des jeunes, la souveraineté alimentaire n’a point d’avenir.
Des jeunes sont attachés à la lutte historique pour la libération de notre peuple et la transformation de notre réalité. À l’instar des jeunes de la Via Campesina (LVC), il nous faut reconnaître la dignité et la valeur du travail que nous accomplissons pour maintenir nos luttes.
Au cours de la troisième Assemblée internationale de la jeunesse de la Via Campesina, nous avons identifié les domaines clés de lutte : l’agroécologie, le changement climatique et l’énergie, les migrations, la souveraineté alimentaire,le territoire et les communes, et la santé. Depuis 2004, nous avons traité ces sujets et développé notre feuille de route afin d’élargir notre vision sur l’agriculture, dans le contexte de notre contribution à la construction d’une société radicalement nouvelle.
En notre qualité de paysans et paysannes, migrants, jeunes indigènes, nous reconnaissons qu’il nous est impossible de faire face aux systèmes oppressifs qui détruisent nos populations et notre monde sans faire appel aux jeunes de notre société pour qu’ils se mobilisent à nos côtés. Par conséquent nous, les jeunes de La Via Campesina, présentons cette édition comme notre appel à la jeunesse du monde à s’éduquer, se mobiliser et s’organiser pour la Souveraineté Alimentaire maintenant !

L’articulation internationale de la jeunesse de La Via Campesina

Bulletin n° 16 – Éditorial

Lutte des peuples contre l’OMC

L’OMC tue les paysans!

La nourriture et l’agriculture ont un rôle central dans nos vies de paysans, paysannes et petits producteurs. L’agriculture n’est pas seulement notre moyen d’existence ; c’est aussi notre vie, notre culture et notre relation à Mère Nature.
La logique du libre-échange s’y oppose et transforme la nourriture en une marchandise, un produit qui se vend et s’achète. Le principe du libre-échange est incarné et défendu par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). L’Accord sur l’Agriculture de l’OMC cherche à orienter les politiques agricoles vers les marchés afin d’augmenter les échanges commerciaux.

C’est pourquoi nous, les membres de Via Campesina, avons été les premiers à lutter contre l’OMC dès sa création en 1995. Depuis le début, nous avons appeler à « L’OMC hors de l’agriculture ». Nous étions dans les rues de Seattle, Cancún, Hong Kong, Genève et serons également à Bali cette année.

La marchandisation de la nourriture et de l’agriculture par l’OMC a causé la mort des paysans et paysannes – leur mode vie a été détruit par les produits agricoles à bas coût bradés sur les marchés à un prix inférieur au prix de production. Le paysan coréen Lee Kyung Hae s’est suicidé sur les barricades lors du sommet de Cancún en brandissant la pancarte « L’OMC tue les paysans ». C’est toujours vrai aujourd’hui lorsque les famines s’intensifient, que les terres sont saisies par les multinationales, que les paysans entrent dans un cercle vicieux de dettes alors qu’ils sont incapables de vendre leurs récoltes, que leurs familles sont déplacées par l’agro-industrie et la nourriture empoisonnée par les organismes génétiquement modifiés.

A Via Campesina, nous pensons que le seul moyen d’avancer est la voie de la souveraineté alimentaire. Tous les peuples devraient avoir droit à une nourriture culturellement adaptée, nutritive et saine. Notre nourriture ne devrait pas être déterminée par les caprices des marchés. Nous devons revendiquer la fin de l’OMC et nous battre pour une économie basée sur la justice et ayant à coeur la souveraineté alimentaire.

Henry Saragih, Président de Serikat Petani Indonesia

Bulletin n° 15 – Éditorial

Investissements

Illustration: Encouragement, Erika Hastings – mudspice.com

200.000 hectares de terre donnés en Côte d’Ivoire à la multinationale Louis Dreyfus pour la culture du riz à l’exportation. 70 millions de £ sterling payées par les contribuables britanniques pour développer les cultures d’OGM. Privatisation des semences dans tous les continents. Voilà juste quelques uns des projets de ces dernières années sous la bannière « investissons dans l’agriculture ».

C’est pourquoi les mouvements sociaux se préparent à lancer l’une des plus grandes batailles pour l’avenir de la souveraineté alimentaire – contre la privatisation de l’investissement. Le secteur privé se présente comme étant le sauveur de l’agriculture alors que, comme le démontre cette newsletter, ce sont les petits producteurs d’aliment ou producteurs vivriers qui sont vraiment ceux qui investissent pour nourrir les populations et permettre aux ruraux de disposer de moyens d’existence. Nombreux sont ceux fascinés par l’importance primordiale des moyens de l’investissement privé, pensant par exemple que les « codes de conduite » pour poursuivre l’accaparement des terres doivent être développés, au lieu de mettre en place des règlements pour arrêter cette déprédation.

En examinant de plus près ce qui se passe en Afrique, nous voyons que l’investissement privé des entreprises est une stratégie pour i) vendre plus d’intrants chimiques et de semences aux agriculteurs africains, et ii) assurer un accès à bas prix aux terres et aux ressources pour fournir les chaînes alimentaires mondiales en vue de nourrir les riches – tout en contrôlant les petits producteurs d’aliments. Cette politique va détruire l’environnement, tuer la diversité génétique et pousser des milliers de personnes vers plus de faim.

En octobre, le Comité mondial sur la Sécurité alimentaire va se réunir à Rome pour discuter des principes relatifs aux Investissements responsables en agriculture. Nous devons faire passer haut et fort le message que tous les investissements ne sont pas pareils. Et poser les questions importantes – Des investissements pour quel type d’agriculture? Par qui? Au bénéfice de qui? Des paysans colombiens viennent juste de réussir à annuler la privatisation des semences en posant ce type de question. Et comme l’indiquent les voix en provenance de la base, partout, les petits producteurs vivriers vont poser ces questions.

Kirtana Chandrasekaran, Les Amis de la Terre international

Bulletin n° 14 – Éditorial

Droits et répression

Au Paraguay, onze paysans et six policiers ont été tués; treize paysans ont été poursuivis en justice et plus de cinquante ont été incriminés au cours d’un conflit portant sur la terre, l’un des plus violents de l’histoire récente du pays. En Uganda, femmes,enfants et hommes qui vivent de la pêche et à qui on dénie l’accès au lac Victoria sont menacés par les tirs des gardes de la sécurité privée s’ils traversent les limites établies par les investisseurs. Ces derniers revendiquent avoir acheté le lac. Aux USA, des femmes employées par de grandes chaînes de distribution de produits alimentaires sont placées sous surveillance, victimes d’harassement sexuel sur leur lieu de travail, et sous-payées. En Mongolie, les éleveurs nomades essaient de survivre aux conséquences désastreuses de la destruction de leur habitat par les activités minières. Tels sont quelques uns seulement des témoignages de violations des droits humains et d’abus que ce numéro du bulletin de Nyéléni a rassemblé.

Ils montrent une criminalisation croissante envers les mouvements sociaux qui défendent la souveraineté alimentaire dans le monde entier. Nous ne connaissons pas l’ampleur réelle de cette situation, étant donné que de nombreux abus, de nombreux conflits et violations de droits humains qui touchent l’ensemble du système alimentaire actuel restent invisibles et non détectés. Cependant, ces informations rares et éparses ont été suffisantes pour que les organismes de contrôle des Nations Unies (NU), tels que la Rapporteuse spéciale sur les défenseurs des Droits de l’homme, déclare que le second groupe le plus vulnérable des défenseurs des droits de l’homme est celui constitué par ceux qui s’occupent des problèmes liés à la terre, aux ressources naturelles et à l’environnement. L’Organisation internationale du travail a également rapporté que les faits d’asservissement et d’esclavagisme sont particulièrement fréquents sur certains lieux de travail de la chaîne alimentaire – tels que les grandes plantations, les abattoirs industriels et les chalutiers. La criminalisation croissante des activistes de la souveraineté alimentaire est une des principales menaces à laquelle notre mouvement doit faire face. Suivant le contexte, la criminalisation peut être, par exemple, encouragée par un état autoritaire qui ne permet pas aux gens de s’organiser de manière autonome; ou par l’érosion des institutions et de la culture portant sur les droits de l’homme de pays qui avaient un niveau élevé de protection dans ce domaine. Cette criminalisation peut également être facilitée par des acteurs autres que l’Etat, tels que des sociétés commerciales et des médias, qui font passer des lois compromettant ou rendant illégales les activités économiques des éleveurs nomades, des communautés de pêcheurs, des paysans et des cueilleurs; ou qui privent ces groupes de l’accès aux ressources naturelles; ou qui démantèlent la protection offerte par le droit du travail, les réglementations environnementales et sanitaires.

Il faut que nos mouvements et nos organisations développent leurs stratégies et les améliorent pour faire face à cette criminalisation grandissante. Ce bulletin présente quelques unes de nos expériences et initiatives stratégiques actuelles à ce sujet. Nous rappelons comment la lutte des peuples autochtones pour la reconnaissance, dans la législation nationale et internationale, de leurs droits collectifs à leurs terres, à leur territoire, à leur savoir ancestral, à un consentement libre, préalable et informé, ainsi qu’à une autodétermination concernant leur évolution économique, sociale et culturelle fut un combat précurseur pour la souveraineté alimentaire. D’autres composantes rurales telles que les communautés paysannes et les communautés de pêcheurs demandent également une reconnaissance de leurs droits distinctifs aux ressources naturelles et au développement autodéterminé de leur propre système d’alimentation et de leurs activités économiques. La procédure en cours pour rédiger, dans le cadre des NU, une Déclaration sur les droits des paysans et paysannes et autres personnes travaillant en milieu rural ainsi que les Directives de la FAO sur la pêche artisanale représentent deux initiatives qui visent à donner plus de pouvoirs aux paysans et aux pêcheurs et à bâtir un cadre légal en faveur des producteurs à petite échelle de denrées alimentaires, tout comme en faveur du bien-être et de la santé publics.

Nous avons également besoin d’approfondir nos liens avec le mouvement des droits de l’homme pour défendre les acquis dans ce domaine, pour combler les vides, continuer à développer et renforcer la législation sur les droits humains de manière que cette législation exerce une suprématie sur le droit et les investissements commerciaux. Il nous faut aussi continuer à étendre notre mouvement et à construire une unité entre nos alliances formées des diverses composantes. Aucune de nos composantes, à elle seule, ne sera capable de défendre ses droits et de surmonter de manière efficace les menaces auxquelles nous devons faire face.

Sofia Monsalve, FIAN International

Bulletin n° 13 – Éditorial

Souveraineté alimentaire

Illustration: Anna Loveday-Brown

« Toute lutte, en tout lieu du monde, pour la souveraineté alimentaire, est notre lutte. » Déclaration de Nyéléni

Lors du Sommet mondial de l’alimentation en 1996, La Via Campesina lançait le concept de souveraineté alimentaire avec deux objectifs: s’opposer au modèle de production et de distribution dominé par les intérêts privés, mais aussi soutenir l’économie locale et lutter contre la faim et la pauvreté. Depuis, la souveraineté alimentaire a fait de nombreux adeptes dans le monde entier – y compris des gouvernements et institutions multilatérales – et ce concept a été repris par tous ceux qui défendent les droits sociaux, environnementaux, économiques et politiques.

La souveraineté alimentaire diffère de la sécurité alimentaire, à la fois dans son approche et dans son aspect politique. Quand on parle de sécurité alimentaire, on ne se demande pas d’où viennent les denrées alimentaires, ni comment elles ont été produites et distribuées. Trop souvent, les gouvernements qui atteignent leur objectif en matière de sécurité alimentaire utilisent des denrées produites en exploitant les hommes, en détruisant l’environnement et en ayant recours à des subventions et des politiques qui favorisent les entreprises du secteur agro-alimentaire au détriment des producteurs locaux. La souveraineté alimentaire
favorise des moyens de production, de distribution et de consommation écologiques
et un système d’approvisionnement local qui respecte les droits sociaux et economiques et contribue à la lutte contre la faim et la pauvreté. Elle permet d’atteindre la sécurité alimentaire pour tous et soutient des méthodes commerciales et des investissements qui servent les aspirations de la société. La souveraineté alimentaire se traduit aussi par une gestion collective des ressources productives, des réformes agraires assurant une sécurité foncière aux petits producteurs, une agriculture écologique qui respecte la biodiversité et soutient le savoir-faire local, ainsi que les droits des paysans et paysannes, des femmes et des peuples autochtones. C’est aussi un vecteur de protection sociale et de justice climatique.

En 2001, des délégués représentant des groupes de paysans, de d’artisans pêcheurs, des peuples autochtones, la société civile et le monde universitaire se sont réunis à La Havane à l’occasion du Forum mondial sur la souveraineté alimentaire afin de mettre en place les conditions de la souveraineté alimentaire. A partir de 2000, des militants opposés à l’accord de l’OMC sur l’agriculture ont demandé un soutien public en faveur d’une production agricole familiale et durable. Ils ont appelé à un mouvement donnant la priorité à la souveraineté alimentaire des peuples et s’opposant à une intervention de l’OMC dans les dossiers agricole et alimentaire. Le Forum international sur la souveraineté alimentaire de 2007 qui s’est tenu au Mali a marqué un tournant. Plus de 500 personnes provenant de 80 pays se sont rassemblées pour échanger des idées, mettre en place des stratégies et des actions visant à renforcer le mouvement international de souveraineté alimentaire.

La Déclaration de Nyéléni, qui résume la vision du mouvement, établit que:
La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l’aide de méthodes durables et respectueuses de l’environnement, ainsi que leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle place les producteurs, distributeurs et consommateurs des aliments au coeur des systèmes et politiques alimentaires en lieu et place des exigences des marchés et des transnationales. Elle défend les intérêts et l’intégration de la prochaine génération…La souveraineté alimentaire donne la priorité aux économies et aux marchés locaux et nationaux et fait primer une agriculture paysanne et
familiale, une pêche artisanale traditionnelle, un élevage de pasteurs, ainsi qu’une production, distribution et consommation alimentaires basées sur la durabilité environnementale, sociale et économique… La souveraineté alimentaire implique de nouvelles relations sociales libérées de toute oppression et inégalité entre hommes et femmes, entre les peuples, les groupes raciaux, les classes sociales et les générations.

La souveraineté alimentaire est une solution à la fois pour les habitants de régions rurales et urbanisées, de pays pauvres ou de pays riches. C’est un espace de résistance au néolibéralisme et au capitalisme de libre marché, opposé à des relations commerciales et financières destructrices; c’est un espace pour construire des systèmes d’approvisionnement démocratiques et économiques ainsi qu’un avenir juste et durable. Son pouvoir de transformation a été reconnu par les Rapporteurs spéciaux de l’ONU sur le Droit à l’alimentation, Jean Ziegler et Olivier de Schutter, et ses principes ont été intégrés dans des documents fondamentaux tels que l’IAASTD (Evaluation Internationale des Sciences et des Technologies Agricoles pour le Développement).

La majorité des denrées alimentaires de la planète sont produites par plus d’un milliard de petits producteurs, parmi lesquels beaucoup souffrent eux-mêmes de la faim. Nous ne trouverons pas de solutions à long terme aux conséquences catastrophiques du changement climatique, à la dégradation de l’environnement et aux crises économiques si nous n’amplifions pas la portée de leur voix et de leurs moyens.

L’histoire de la souveraineté alimentaire est faite de luttes et d’espoir. Cette newsletter est consacrée aux luttes qui nous permettent d’espérer un monde meilleur. Aujourd’hui plus que jamais, la souveraineté alimentaire est un impératif.

Focus on the Global South

Bulletin n° 12 – Éditorial

Migration et agriculture

Illustration: “Avec ou sans papiers, travailleurs unis!” Titom

L’alimentation est essentielle à la vie. Elle est aussi une expression de nos cultures et de nos sociétés. Le système alimentaire industriel dominant élimine les valeurs vitales et sociales de l’alimentation pour n’en faire qu’une simple marchandise dont on peut tirer profit à chacune des étapes de sa production intensive, de sa transformation et de sa distribution, jusqu’à la spéculation dont elle fait l’objet sur les marchés financiers. Ce système pousse à séparer les consommateurs des producteurs. Alors que l’agriculture familiale continue de nourrir plus de 70% de la population mondiale, le systeme néolibéral et sa politique commerciale chassent de leurs territoires les paysans, les artisans pêcheurs, les éleveurs et les peuples indigènes, et soutiennent le developpement de monocultures intensives, de fermes-usines, de l’industrie de la transformation et de la distribution, basés sur le labeur des travailleurs de l’agro-alimentaire. Ces travailleurs agricoles et du secteur agro-alimentaire sont de plus en plus souvent des migrants, forcés de quitter leur pays pour échapper à la pauvreté et à la faim. A cause des politiques d’immigration à caractère racial et de la militarisation des frontières, ces migrants risquent de plus en plus souvent leurs vies pour franchir des frontieres sans papiers d’identité. De plus en plus de migrants sans papiers sont persécutés et criminalisés, tout en étant exploités par le système de production alimentaire, auquel ils sont indispensables, voire travaillent pour celui-ci dans des conditions proches de l’esclavage. La lutte contre la mondialisation de la production alimentaire est aussi une lutte pour défendre les droits des migrants. La lutte pour la souveraineté alimentaire est aussi une lutte pour rendre aux individus la liberté de choisir s’ils veulent ou non quitter leurs communautés et leurs territoires.

Bulletin n° 11 – Éditorial

Alimentation et ville

« Quand le prix des denrées naturelles augmente, elles deviennent un produit de luxe que seuls les plus riches peuvent s´offrir. (…) Ces denrées doivent être disponibles localement et à un prix raisonnable. » Masanobu Fukuoka, The One-Straw Revolution

L´agriculture urbaine: vers une souveraineté alimentaire?
Près d´un quart des produits frais sont produits par environ un milliard de personnes qui cultivent des fruits et des légumes dans des jardins et des fermes urbaines ou périurbaines. Bien qu´une partie de ces produits soit consommée par les producteurs et productrices elles-mêmes, une large part est revendue directement sur les marchés urbains, à des prix raisonnables. De nos jours, plus de la moitié des populations défavorisées vivent dans des villes. Face aux dangers de la volatilité des prix alimentaires, cette production locale s´avère de plus en plus vitale pour la sécurité alimentaire urbaine. Cette production urbaine se retrouve essentiellement dans les pays du Sud (ex: Hanoï: 80% des légumes frais, Shanghai: 60% des légumes, 100% du lait, 90% des oeufs, 50% du porc et de la volaille; Dakar, 60% des légumes, 65% de la volaille et 50% du lait; Accra: 90% des légumes frais; La Havane: 2438,7 d´hectares produisent 25000 tonnes de nourriture chaque année). Mais de plus en plus, cette production alimentaire urbaine s´installe dans les villes du Nord au coeur de groupes de populations défavorisés et marginalisés. Grace à la production de leurs produits frais, les communautés urbaines améliorent leur alimentation et leurs revenus. Avec la récurrence des crises des prix des produits alimentaires, l´agriculture urbaine se développe, tout comme le conditionnement et la distribution des denrées. On tend ainsi progressivement vers un contrôle local du système alimentaire.

Eric Holt-Gimenez, Food First